jeudi, mai 05, 2011

Enluminé numérique - Même sort que ses aïeux?

Pas un jour sans que l'on nous montre un enluminé numérique (torsion de vidéos au doigt, scrolling multi direction, etc...), sur un dispositif à 600 euros, d'une autonomie de 4 heures, et d'un coût de production hors de proportion avec celui du livre, obligeant à bien anticiper le modèle économique adhoc. Passées les premières minutes, ponctuées des arguments d'un démonstrateur qui avoue quelquefois n'avoir pas encore lu un ouvrage de ce type jusqu'au bout et préférer le papier, l'œuvre est oubliée, seules les prouesses techniques restent.

Serions-nous revenus aux grandes heures de l'enluminé, terrassé en 1501, après une courte période de répit post bulle imprimeur de 1482 pendant laquelle des nouveaux venus avaient tenté en vain de faire fortune, par de vrais auteurs utilisant avec grâce de petits caractères en corps 12 (toujours les meilleurs pour lire) et quelques fers Alde de couverture?
Serait-ce un retour vers le futur de la belle époque des CD-ROMs et des vidéodisques interactifs, où des créateurs multi média présentaient ce qu'ils anticipaient du nouveau livre? De la plaquette publicitaire, de la presse, du magazine, peut-être, mais du livre ou de l'encyclopédie, cela n'a pas pris.

Et pourquoi tant d'efforts, alors que le Web, les studios Pixar ou Nintendo savent faire aussi bien voire plus spectaculaire, avec des formats spécialement conçus, des modèles économiques éprouvés?

Alors, l'enluminé numérique connaîtra-t-il le sort de ses aïeux?

Peut-être non, si les nouvelles technologies permettent aux auteurs eux-mêmes d'en imaginer sur des dispositifs de main, vendus à des prix abordables, et que les scientifiques de la lecture nous démontrent que la fatigue visuelle est nulle, que la mémorisation est bonne, etc.; Peut-être non, si comme certains l'imaginent, nous revenons au théâtre antique, à la discussion, au geste, mais même alors, il semble bien que les fondements de la page stable, tracés sur un pan de grotte ou sur du sable, aient été indispensables; Peut-être non, si les auteurs qui affectionnent encore le stylo pour écrire, les artistes qui créent à la main, décident de se transformer en vidéastes, spécialistes de l'animation, ou en comédiens.

Beaucoup de si...

4 commentaires:

Aldus a dit…

Complètement d'accord avec toi Bruno, on est bien loin aussi de la portabilité des petits volumes des éditions aldines. Je me faisais justement la remarque ce midi en voyant que certains refont leurs pantalons en conséquence :)
http://www.mediabistro.com/ebooknewser/an-ipad-sized-pocket_b10304

Bruno Rives a dit…

@Aldus
Voici un exemple de ce que je vois en ce moment. Spectaculaire, et qui va sans doute donner des idées de composants pour de futurs livres, mais trop devient un peu trop (à noter la fin de la vidéo, idée reprise directement d'une illustration interactive de GE...
http://goo.gl/qp5c9

Aldus a dit…

Oui, je m'interroge toujours aussi sur le statut du livre dans tout cela. Comme si on vous vendait une boite entière de jeux interactifs avec un petit livret à l'intérieur! Ah oui, c'est vrai, il y a du texte, qu'est-ce que c'est ringard le texte! Par contre, on insiste absolument que c'est bien un livre!

Bruno Rives a dit…

@ Aldus On se rejoint vraiment sur ces points. Mais comment ne pas se comprendre avec un connaisseur des éditions aldines? Concernant l'enrichissement, à part la presse, les magazines, les ouvrages scientifiques, (pour l'instant, car je rêve d'un François Bon lisant Rabelais, accompagné de textes et d'illustrations!), le transmédia (faut-il l'appeler comme cela?) pointe son nez, entre livre et DVD.